Mardi, six avril 2010
J'écris ,car je ne peux trop bouger. Mais cela va mieux quand même.
Je n'ai besoin de la canne que pour monter les escaliers... pour les descendre aussi .
Alors, je vais vous raconter en détail ma journée de Dimanche:
Il fait encore nuit; la ville dort en paix, mais la place s'anime doucement
de lumières et de musique,
De furtives silhouettes noires ou de couleurs vives ,étrangement parées,
lampe au front, convergent en silence vers la halle éclairée.
Il se trame quelque chose?
L'édition 2010 du trail des citadelles.
Bon, avant de partir, allons nous alléger, suivons la pancarte" W.C Trail."
A quelques mètres, nul besoin de pancarte, notre odorat nous guide.
Odeur donc, portes défoncées, carrelage cassé wc bouchés et débordants, graffitis de rigueur,
aussi fins que délicats, et bien sur ,pas de papier.
Tellement typique,qu'en ces temps de débats sur l'identité nationale,
ce monument pourrait être classé comme témoin d'une partie de la culture française;...
Mais bon, ce n'est pas si grave, foin de diversions, allons courir .
Les visages sont un peu tendus sous les sourires. Contents mais inquiets .
Celui ci a l'air bien affûte, et celle là fort bien équipée; des pros sûrement.
Et quelle détermination dans les expressions!
Et ce groupe qui discute, en voila qui savent de quoi ils parlent!!
Waou! ces bâtons, et ces gourdes pleines de supercarburant!
Tiens, celui ci a un Gps, et le parcours de la course qui pend à son sac,
Tout ce monde là n'est pas venu pour la figuration.
Je suis très impressionné et me sens tout petit. Que diable vais-je faire dans cette galère?
Une fanfaronnade,une dégringolade.
J'y suis; plus le temps de me poser la question! On verra bien.
Alors, grégaire,je suis le troupeau et me jette à l'eau.
Six heures :Les chevaux sont partis...
Heureusement, le rythme n'est pas trop endiablé,
Bientôt la queue s'allonge, et tranquille elle ondule en sous bois sous les étoiles .
Ce serpent lumineux qui glisse à l'assaut des cimes dans cette nuit de pâques a une "aura" mystique.
Une foule éclairée monte vers Montségur, que quète-t-elle?
Voila pour la mise en jambe.
Au petit jour le col est atteint et les lampes on éteint.
C'est parti au petit trot jusqu'au premier ravito.
Miam miam glou glou nous revoilou.
Pour l'instant pas trop de pluie. Nous serions-nous trompés de trail?
Bien non, voila que ça tombe, sérieusement cette fois, et l'eau est fraîche à cette altitude.
Monter,descendre, remonter, redescendre, glisser, patiner, tomber, se relever, monter, glisser, et la boue, toujours...
Mais en parlant de boue, je dois vous parler aussi de mes bâtons qui ont fait pâlir d'envie mes compagnons trailleurs.
Jusqu'alors, je me voulais puriste. Des bâtons? pourquoi pas des Béquilles?
Mais l'année dernière je fus fort aise d'en trouver un sur lequel m'appuyer dans les pentes glissantes et les vertigineuses descentes, puis un autre pour l'équilibre.
Et ce surplus de membres, loin de me nuire, me rendit bien services.
Cette année, mes scrupules ayant durés jusqu'au dernier moment ,
ce n'est qu'avant de partir pour l'Ariége - la raison l'emportant sur la fierté- que je me suis coupé ces deux bambous de 90 cm percés d'un trou chacun pour y passer un simple lacet.
Fiable, souple, solide, sur mesure, économique, jetable, biodégradable, recyclable, et parfait pour l'économie durable. A mon âge, c'est important.
Et puis,c'est pas mal non,des bambous pour la boue?
Bien ,reprenons la course. Ah, voici la fontaine intermittente!
Joli, impressionnant ,on passe vite,puis ravito a Fougax
Miammiam,glouglou, aie, le pied, aie le dos, aie le genou, monter, monter, glisser,
Tiens,un château!,un peu plus haut sur la gauche, si on y allait? chiche! Maintenant que le soleil veut un peu nous réchauffer.
Montée donc vers Montségur, la neige est toute proche,
quelques plaques émaillent encore les replis ombreux du sentier.
Devant la stèle, une pensée pour tous nos pauvres ancêtres
brûlés vifs par les barons guerriers,
Une pensée pour ces temps de fanatisme et de violence.
Heureusement que l'histoire sert de leçon...
Oh! Surprise au 48° à Montferrier Violette est là pour m'encourager.
Petit bisou petite photo grand chaud au coeur et bon pour le moral.
Je repars requinqué, d'autant que l'année dernière c'est ici que je fus éliminé. Merci Violette!.
Bon, maintenant vous connaissez le topo: descendre, monter, glisser, tomber, repartir, monter, etc
Alors je ne vais pas me répéter. Jusqu'à la fin il en fut ainsi, avec en sus,un grain de grêle.
C'est le "fangas-trail"
La boue faisait des ventouse
C'est pas un trail de ......ouses
Montségur,
S'est dur!
(Oh!ça va, c'était pour rire)
Avant de finir, je veux saluer tous et toutes celles avec qui j'ai partagé ces moments de course: Les trailleurs ravis, les ravitailleurs, pisteurs et cantinières, Loulou et Martine, de Tabre pour leur accueuil chalereux, ceux avec qui j'ai marché, parlé, couru aussi, les copains de l'Eure et Loire, de la Drome, de Madrid de Quéribus ou du Béarn,un moustachu coiffé de rouge, un jeune en vert avec des écouteurs, un grand avec une makila,
une jeune fille avec des fils dans les cheveux, etc, qui se reconnaîtrons s'ils me lisent. D'autres aussi dont je ne sais rien, sinon qu'ils sont ou qu'elles sont courageuses et sympathiques.
j'ai eu plaisir à les connaître, fussent quelques instants.
Et la course continue...
Dernière montée après quelques passages d'une rare beauté bucolique au bord de charmants ruisselets, de cascades en grappes chantantes, sous les bois fleurant bon la terre, à l'odeur de pierre à fusil comme un bon chablis, ou sentant subtilement l'anis ou la violette, parmi les fleurs dans les grasses prairies ou paissent si paisibles, les vaches et le taureau,
et les sombres Mérens, au soleil chaleureux
d'un généreux printemps,comme dans le 6° mouvement de la symphonie Pastorale.
Bon, il est vrai que sur la fin, on manque un peu de lucidité.
Voilà, on surplombe la Ville; Dernier tour de manège ,dernier bain de boue, descente sur le cul, rigolade assuré pour les spectateurs qui nous attendent, et c'est la délivrance sous les applaudissements, 12h 33mn. après le départ.
Euphorique!!!
P.S. A bientôt, pour quelques photos
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire